35.
Le tribunal
J’ai poussé un grognement. Ma tête me tournait et j’avais la nausée.
— Enfin ! a lancé quelqu’un avec soulagement. (Ian, bien sûr.) Tu as faim ?
J’ai réfléchi à cette question et j’ai eu un haut-le-cœur sonore.
— Oh, oublie ça. Désolé encore. On était obligés. Tout le monde est devenu paranoïaque quand on t’a sortie de la grotte.
— Ce n’est pas grave.
— Tu veux de l’eau ?
— Non.
J’ai ouvert les yeux, tentant de m’acclimater à la pénombre. Deux étoiles brillaient dans une fissure au-dessus de moi. C’était encore la nuit. Ou avais-je dormi pendant vingt-quatre heures ?
— Où suis-je ?
La forme des fissures m’était étrangère. Je n’avais jamais vu ce plafond.
— Dans ta chambre.
J’ai cherché le visage de Ian dans l’obscurité, mais je ne distinguais qu’un ovale noir. Avec mes doigts, j’ai tâté la chose sur laquelle j’étais étendue. Un vrai matelas ! Il y avait un oreiller sous ma tête. Ma main, par inadvertance, a touché la sienne. Il m’a attrapé les doigts avant que j’aie eu le temps de les retirer.
— À qui est cette chambre ?
— À toi.
— Ian…
— C’était la nôtre, à Kyle et à moi. Kyle n’est pas là… Il est consigné à l’infirmerie en attendant qu’on décide de son sort. Et moi, je peux m’installer avec Wes.
— Je ne veux pas prendre ta chambre. Et que veux-tu dire par « en attendant qu’on décide de son sort » ?
— Je t’ai dit qu’il y aurait un jugement.
— Quand ?
— Pourquoi veux-tu le savoir ?
— Parce que s’il y a un procès, je veux être présente. Pour expliquer.
— Pour mentir.
— C’est pour quand ? ai-je insisté.
— Tout à l’heure, à l’aube. Et je ne t’y emmènerai pas.
— Alors j’irai toute seule. Je sais que je pourrai marcher dès que je n’aurai plus le tournis.
— Tu es sérieuse ?
— Oui. Ce n’est pas équitable si je ne peux pas m’exprimer.
Ian a poussé un soupir. Il a lâché ma main et s’est levé lentement. J’ai entendu ses jointures craquer. Depuis combien de temps était-il assis dans le noir, à attendre que je me réveille ?
— Je reviens. Tu n’as peut-être pas faim, mais moi j’ai l’estomac dans les talons.
— Tu as eu une longue nuit.
— Oui.
— Si le jour se lève, je ne resterai pas ici à t’attendre.
Il a émis un petit rire triste.
— Je n’en doute pas. Je reviendrai donc avant l’aube. Et je t’aiderai à aller là où tu veux.
Il a penché l’un des panneaux qui servaient de portes, est sorti de la pièce et a remis le battant en place. J’ai froncé les sourcils. Cela serait difficile de faire pareil à cloche-pied. J’espérais que Ian reviendrait à temps.
En attendant son retour, j’ai contemplé les deux étoiles et laissé le monde arrêter sa giration. Vraiment, je n’aimais pas les drogues humaines. Berk ! Mon corps se révoltait, mais les coups de boutoir dans mon crâne me faisaient souffrir davantage encore.
Le temps passait avec une lenteur infinie, mais je ne me suis pas rendormie. J’avais dormi la majeure partie des dernières vingt-quatre heures. Je devais être affamée… mais je préférais attendre que mon estomac cesse ses sauts de cabri avant de tenter le sort.
Ian est revenu avant le jour, comme il l’avait promis.
— Tu te sens mieux ? a-t-il demandé en se faufilant entre les panneaux.
— Oui. Je crois. Je n’ai pas encore osé bouger la tête.
— Tu crois que c’est toi qui réagis mal à la morphine, ou le corps de Melanie ?
— C’est Mel. Elle ne supporte pas la plupart des antalgiques. Elle a découvert ça quand elle s’est cassé le poignet il y a dix ans.
Il est resté pensif un moment.
— C’est bizarre. Avoir affaire à deux personnes à la fois.
— Oui, c’est bizarre.
— Tu n’as toujours pas faim ?
J’ai esquissé un sourire.
— J’ai cru sentir une odeur de pain… Oui. Je pense que les nausées sont derrière moi.
— J’espérais que tu dirais ça.
Son ombre s’est approchée de moi. Il a cherché ma main, puis m’a écarté les doigts et a placé dans ma paume un objet familier.
— Tu m’aides à me lever ? ai-je demandé.
Il a passé son bras doucement autour de mes épaules et m’a relevée comme on relève un manche à balai, pour éviter de tordre mon torse douloureux. Je sentais quelque chose d’étrange et de rigide contre ma peau.
— Merci, ai-je articulé le souffle coupé. (Ma tête me tournait un peu. J’ai porté la main à mon côté. Quelque chose collait à ma peau, sous ma chemise.)
— J’ai des côtes cassées, alors ?
— Doc n’en sait trop rien. Il t’a soignée comme il a pu.
— Il a fait du zèle…
— Oui.
— Je m’en veux… parce que, au début, je ne l’aimais pas, ai-je reconnu.
Ian a ri de bon cœur.
— Le contraire m’eût étonné ! Je me demande même comment tu peux nous aimer tous.
— C’est grâce à toi, ai-je marmonné en mordant dans mon morceau de pain. (J’ai mâché mécaniquement et j’ai avalé ma bouchée, attendant qu’elle tombe dans mon estomac.)
— Ce n’est pas très ragoûtant, je sais, a dit Ian.
J’ai haussé les épaules.
— C’est juste pour tester, pour voir si la nausée est définitivement passée.
— Peut-être que quelque chose de plus appétissant passerait mieux ?
Je l’ai regardé, intriguée, mais je ne pouvais voir son visage. J’ai entendu un craquement de Cellophane et puis une odeur… et j’ai compris.
— Des Cheetos ! Pour moi ? Vrai de vrai ?
Il en a porté un à mes lèvres et j’ai mordu dedans avec bonheur.
— J’en rêvais depuis si longtemps…
Ma remarque l’a fait rire. Il m’a mis le sachet dans les mains.
Je l’ai vidé en un éclair, puis j’ai fini mon morceau de pain, profitant du bon goût qui imprégnait encore ma langue. Il m’a tendu une bouteille d’eau, devançant mes désirs.
— Merci. Pas seulement pour les Cheetos. Pour tant de choses…
— Tu es plus que la bienvenue ici, Gaby.
J’ai contemplé ses yeux sombres et indigo, tâchant de discerner ce qu’il ne disait pas. Il y avait autre chose que de la simple courtoisie dans ces paroles. Et puis, je me suis rendu compte que je pouvais distinguer la couleur de ses iris. J’ai levé la tête vers les fissures au-dessus de moi. Les étoiles s’étaient évanouies, le ciel pâlissait. Le jour se levait… L’aube !
— Tu es certaine de vouloir y aller ? m’a demandé Ian, offrant déjà ses mains pour me soulever.
J’ai acquiescé.
— Tu n’as pas besoin de me porter. Mes jambes sont plus stables.
— On va voir ça…
Il m’a aidée à me mettre sur mes pieds, en gardant son bras autour de ma taille et en passant le mien autour de son cou.
— Prête ? Comment ça va ?
J’ai fait un pas vacillant. Cela faisait mal, mais c’était supportable.
— Génial ! Allons-y.
À mon avis, Ian t’apprécie un peu trop…
Trop ? Je ne m’attendais pas à ce que Melanie se manifeste, en tout cas pas aussi distinctement. Ces derniers temps, elle ne parlait que lorsque Jared était dans les parages.
Je suis là aussi, non ? Et il s’en fiche complètement…
Bien sûr que non ! Avec Jamie et Jeb, il est notre plus ardent défenseur.
Je ne parlais pas de ça.
De quoi parles-tu alors ?
Mais elle était partie.
Le trajet a duré longtemps. C’était vraiment très loin. Je pensais que le procès aurait lieu sur la grande place ou dans la cuisine – les deux lieux où tout le monde se rassemblait d’ordinaire. Mais nous avons traversé la parcelle est et avons continué à marcher vers la grande salle obscure que Jeb appelait « le terrain de sport ». Je n’y avais pas mis les pieds depuis que Jeb m’avait fait faire le tour du propriétaire. L’haleine soufrée de la source m’a accueillie.
À l’inverse de la plupart des cavernes, le terrain de sport était beaucoup plus large que haut. Je m’en rendais compte à présent parce qu’on avait suspendu les lampes bleues cette fois, au lieu de les laisser par terre. Le plafond se trouvait à moins de un mètre au-dessus de ma tête – la hauteur d’une pièce d’une maison. Mais je ne parvenais à distinguer les murs ; ils étaient si loin qu’ils se perdaient dans la pénombre. Je ne voyais pas la source non plus, mais je l’entendais couler à gros bouillons.
Kyle était assis dans une flaque de lumière, ses grands bras repliés autour de ses jambes. Son visage était un masque de cire. Il n’a pas relevé la tête à notre arrivée claudicante.
De part et d’autre de lui se tenaient Jared et Doc, debout, les bras le long du corps, telles deux sentinelles.
Jeb était à côté de Jared, son fusil calé sur l’épaule. Il paraissait détendu, mais je savais qu’il pouvait très vite changer d’humeur. Jamie tenait la main de… non, c’est Jeb qui lui tenait la main… le poignet, plus précisément… et Jamie ne semblait guère apprécier. Quand il m’a vue, toutefois, il m’a adressé un large sourire et un coucou enthousiaste de la main. Il a pris une grande inspiration et a regardé Jeb avec insistance. De guerre lasse, le patriarche l’a lâché.
Sharon flanquait Doc, et tante Maggie sa fille…
Ian m’a entraînée vers la frange de ténèbres qui ourlait le tableau. Nous n’étions pas seuls à l’occuper. Je distinguais une série de silhouettes, mais aucun visage.
C’était curieux ; pendant tout le trajet, Ian avait semblé me porter sans effort. Mais à présent, il était exténué. Son bras autour de mes hanches était mou. J’ai avancé en sautillant pour le soulager jusqu’à ce qu’il repère un endroit qui lui convenait. Il m’a déposée au sol et s’est assis à côté de moi.
— Aïe ! ai-je entendu quelqu’un murmurer.
Je me suis retournée. J’ai uniquement reconnu Trudy dans la pénombre. Elle s’est approchée de moi. Geoffrey et Heath l’ont imitée.
— Tu es dans un sale état. Tu souffres beaucoup ?
J’ai haussé les épaules.
— Ça va.
Ian avait-il fait exprès de ne plus me soutenir à notre arrivée, pour montrer l’étendue de mes blessures ? Pour charger Kyle ? Je l’ai regardé en fronçant les sourcils ; il jouait l’innocent.
Wes et Lily sont arrivés et ont rejoint mon petit groupe d’alliés. Brandt a fait son entrée quelques instants plus tard, puis Heidi, et puis Andy et Paige. Aaron est arrivé en dernier.
— Tout le monde est là, a-t-il annoncé. Lucina reste avec les gosses. Elle ne veut pas qu’ils assistent à ça. Elle dit de commencer sans elle.
Aaron s’est installé à côté d’Andy. Il y a eu un moment de silence.
— Très bien, a lancé Jeb d’une voix de stentor pour être entendu de tous. Voilà comment on va procéder. On vote à la majorité. Comme de coutume, je me réserve un droit de veto si je suis en désaccord avec la majorité, parce que je suis…
— … « chez moi » ! ont conclu en chœur plusieurs voix.
Quelqu’un a ri, mais il s’est vite arrêté. Il n’y avait rien d’amusant. Un humain allait être jugé pour avoir tenté de tuer un « envahisseur ». C’était un jour à marquer d’une pierre blanche pour chacun d’entre eux.
— Qui veut parler contre Kyle ? a demandé Jeb.
Ian a voulu se lever.
— Non… ! ai-je soufflé en le retenant par le bras.
Il a repoussé ma main et s’est levé.
— Les faits sont assez éloquents, a-t-il répondu. (J’aurais voulu bondir pour lui plaquer la main sur la bouche, mais sans aide, j’étais clouée au sol.) Mon frère a été prévenu. Il connaissait parfaitement les règles de Jeb sur ce point. Gaby est l’une des nôtres, les mêmes règles et les mêmes droits s’appliquent à elle. Jeb a clairement dit à Kyle que s’il ne pouvait vivre avec elle ici, c’est lui qui devait s’en aller. Kyle a décidé de rester. Il savait alors ce qu’il encourait s’il tentait de la tuer.
— Elle est toujours en vie ! a grogné Kyle.
— C’est pourquoi je ne réclame pas ta mort, Kyle, a répliqué Ian. Mais tu ne peux plus vivre parmi nous. Pas tant que tu as des envies de meurtre.
Ian a regardé son frère un long moment avant de se rasseoir à côté de moi.
— Mais il pourrait se faire attraper… Dieu seul sait alors ce qui pourrait se passer ! a protesté Brandt en se levant. Il pourrait les conduire ici… Ils débarqueront alors en masse…
Un murmure a parcouru l’assemblée.
Kyle s’est tourné vers Brandt.
— Ils ne m’auront jamais vivant !
— Alors c’est une condamnation à mort, a lancé quelqu’un.
— Tu peux te faire avoir comme les autres, Kyle ! disait Andy au même moment
— Pas tous à la fois ! est intervenu Jeb pour mettre un peu d’ordre.
— J’ai déjà survécu dehors ! a lancé le géant avec humeur.
Une autre voix est montée de l’obscurité.
— C’est trop risqué. (Je ne parvenais pas à reconnaître les auteurs de toutes ces interventions.)
Et une autre encore :
— Kyle n’a rien fait de mal !
Jeb a fait un pas vers l’intervenant, fulminant.
— Il a violé mes règles !
— Elle n’est pas l’une des nôtres, a protesté quelqu’un d’autre.
Ian s’est levé à son tour.
— Hé ! a crié Jared. (Sa voix était si puissante que tout le monde a sursauté.) Ce n’est pas le procès de Gaby ! Quelqu’un a-t-il quelque chose à reprocher à Gaby, quelque chose de concret ? Si c’est le cas, demandez un autre procès. Mais nous savons tous qu’elle n’a fait de mal à personne ici. En réalité, elle a sauvé la vie de Kyle ! (Kyle s’est recroquevillé quand Jared l’a désigné du doigt, comme s’il avait reçu un coup.) Quelques instants après qu’il a tenté de la jeter dans la rivière, elle a risqué sa vie pour lui éviter une mort horrible. Elle savait pourtant qu’en le laissant tomber dans le trou, elle assurait sa sécurité. Mais elle l’a sauvé ! Lequel d’entre vous aurait fait la même chose ? Qui aurait porté secours à son ennemi juré ? Il a voulu la tuer et pourtant, elle ne témoigne même pas contre lui.
J’ai senti tous les regards se braquer sur moi. Jared s’est tourné vers moi :
— Gaby, veux-tu déposer à charge contre lui ?
Je l’ai regardé avec de grands yeux, éberluée de l’entendre prendre ma défense, mais surtout de l’entendre me parler, à moi, en utilisant mon nom. Melanie aussi était sous le choc. Elle était transportée par la douceur du regard qu’il posait sur nous, la gentillesse de son visage – tout ce qui lui avait tant manqué. Mais c’était mon prénom qu’il avait utilisé…
Il m’a fallu quelques instants pour retrouver l’usage de la parole.
— C’est un malentendu…, ai-je murmuré. Nous sommes tous les deux tombés lorsque le sol s’est écroulé. Il ne s’est rien passé de plus. (J’espérais qu’en parlant bas le mensonge serait moins évident, mais c’était un vœu pieux. Ian a gloussé ostensiblement. Je lui ai donné un coup de coude, mais cela ne l’a pas arrêté.)
Jared a eu un grand sourire.
— Vous voyez ! Elle essaie même de le disculper !
— Elle « essaie », c’est bien le mot, a ajouté Ian.
— Rien ne prouve que le mille-pattes ment ! a lancé Maggie avec hargne en faisant un pas vers Kyle. Il dit peut-être la vérité en faisant semblant de mentir !
— Maggie, est intervenu Jeb.
— Tais-toi Jebediah ! Laisse-moi parler ! Nous n’avons rien à faire ici. Aucun humain n’a été agressé à ce que je sache ! Le mille-pattes n’accuse même pas Kyle ! Nous perdons tous notre temps ici !
— Je suis d’accord, a renchéri Sharon.
Doc lui a lancé un regard attristé.
Trudy a bondi :
— On ne peut garder un meurtrier parmi nous et attendre qu’il réussisse son coup !
— « Un meurtrier ». Ce terme est bien exagéré, a persiflé Maggie. On parle de « meurtre » quand un humain tue un autre humain !
Ian a refermé son bras autour de mes épaules. Je me suis aperçue que je tremblais lorsque j’ai senti son corps immobile contre le mien.
— Le terme « humain » aussi est bien souvent exagéré, Maggie, a répliqué Jared, en lui jetant un regard noir. Pour pouvoir se revendiquer « humain », il faut être capable de montrer un peu de compassion, de miséricorde.
— Votons ! a lancé Sharon avant que sa mère ait le temps de répondre. Que ceux qui pensent que Kyle doit rester ici lèvent la main ! Ceux qui pensent qu’il s’agit d’un simple « malentendu »… (Elle a regardé Ian d’un air de défi, en reprenant mon terme.)
Des mains se sont levées. J’ai vu Jared se renfrogner à mesure que Jeb comptait les voix.
J’ai voulu lever la main, mais Ian m’en a empêchée en me serrant contre lui. Je me suis débattue… Je voulais voter… J’ai dressé ma paume comme je pouvais. Mais ma voix, de toute façon, était inutile.
— Vingt et un… vingt-deux… vingt-trois… d’accord, a conclu Jeb, c’est une majorité manifeste.
Je n’ai pas tourné la tête pour voir qui votait contre moi… dans mon petit coin, mes amis gardaient les bras croisés sur la poitrine d’un air revêche ; c’était ça l’important.
Jamie s’est éloigné de Jeb pour venir se faufiler entre Trudy et moi. Il a passé son bras autour de moi, sous celui de Ian.
— Peut-être les tiens ont-ils raison après tout, a-t-il lancé suffisamment fort pour être entendu. Il vaut mieux décider pour nous.
— Chut ! ai-je soufflé.
— Parfait, a annoncé Jeb. (Tout le monde était silencieux. Le patriarche a regardé longuement Kyle, puis moi, puis Jared.) D’accord. Je m’incline, pour cette fois, devant la décision du plus grand nombre.
— Jeb ! ont lancé ensemble Ian et Jared.
— Ma maison, mes règles, leur a rappelé Jeb. N’oubliez jamais ça. Alors écoute-moi bien, Kyle – et ça vaut pour toi aussi, Mag – : si quiconque essaie encore de faire du mal à Gaby, il n’aura pas droit à un procès ; il ira droit dans la tombe, sans passer par la case prison ! (Il a tapé la crosse de son fusil pour étayer ses dires.)
J’ai tressailli.
Maggie a lancé un regard noir à son frère. Kyle a hoché la tête, comme s’il acceptait les termes du marché.
Jeb a regardé l’assistance, observant tour à tour chacun d’entre eux, à l’exception de notre petit groupe.
— La séance est levée ! a lancé le patriarche. Et maintenant… qui veut faire une partie ?